POUR UNE TRANSITION AGRI-ALIMENTAIRE JUSTE ET ECOLOGIQUE EN SUD ARDÈCHE

Manifeste discuté et rédigé par le collectif “L’assiette et le territoire'“

La nécessité d'une transition de nos systèmes alimentaires vers des modes de production et de consommation plus durables et répondant aux enjeux climatiques, de biodiversité, de santé, de justice et d’équité, est aujourd'hui reconnue par tous et à tous les niveaux tout comme l'est, de manière croissante, la pertinence de l'échelle territoriale pour construire cette transition. 

« L’assiette et le territoire » est un projet de recherche-action sur la transition agroécologique du système agri-alimentaire territorial de l’Ardèche Méridionale, lancé fin 2019 et financé par la Fondation de France. Il rassemble des chercheurs et des acteurs du territoire et vise à construire une compréhension partagée des mécanismes de transition dans l’agriculture et l’alimentation du territoire, et des blocages et verrous freinant cette transition (https://www.assiette-territoire.com)

Cette démarche repose sur un collectif composé de 25 personnes qui incarnent les différents maillons du système alimentaire : agriculteurs, citoyens, élus, acteurs institutionnels, associatifs, cuisiniers, commerçants, chercheurs etc. (https://www.assiette-territoire.com/qui-sommes-nous). Cette diversité nous permet de porter un regard transversal et systémique sur la transition de notre agriculture et de notre alimentation.

A partir d’un travail sur l’analyse de la trajectoire du système alimentaire territorial (https://www.assiette-territoire.com/trajectoire), nous avons identifié les enjeux majeurs pour notre territoire (atouts et fragilités), conduit des études et expériences ciblées à partir de trois groupes de travail thématiques (Trajectoire du système alimentaire, Alimentation Durable-Restauration collective, Installation-Maraichage), et des échanges avec d’autres territoires. 

A l’heure où l’alimentation prend une place croissante dans les attentes des citoyens et les politiques nationales (loi Egalim) et territoriales (projets alimentaires territoriaux), ce travail collectif initié depuis 18 mois légitime aujourd’hui une prise de position collective et un engagement partagé pour une transition agri-alimentaire juste et écologique.

Parmi les enjeux majeurs qui sont développés dans notre travail d’analyse (voir le tableau des forces et faiblesses sur la page https://www.assiette-territoire.com/trajectoire), quatre nous semblent particulièrement clé aujourd’hui :

1. Nous avons besoin d’un portage politique ambitieux de ces questions, qui demeurent souvent cloisonnées entre différents domaines et champs de compétence (et dans les collectivités territoriales, entre différents services) : l’agriculture, le social, la santé, l’éducation etc. La transition alimentaire suppose non seulement des changements de pratiques (alimentaires, agricoles, d’approvisionnement), mais aussi des nouvelles manières de penser l’avenir de nos territoires. Ailleurs, les territoires qui ont réussi en la matière ont tous bénéficié d'un engagement fort d’élus qui proposaient aux acteurs locaux une direction et mobilisaient des leviers financiers pour agir concrètement sur la durée. 

2. La définition des voies de transition doit impliquer la diversité des acteurs concernés (ceux qui incarnent les différents « maillons » du système alimentaire territorial engagés dans la production, la transformation, la distribution, la consommation, mais aussi l’accompagnement, l’accès ou l’éducation), et en particulier les citoyens et le milieu associatif, pionnier sur ces questions sur notre territoire.

3. Pour développer et concrétiser des projets opérationnels, le territoire doit se doter de moyens dédiés et coordonnés d'animation de projet sur la transition agri-alimentaire, en particulier sur les thématiques du rapprochement entre restauration scolaire et producteurs locaux et de la mobilisation de foncier pour l’installation agricole. Il s’agit donc d'investir collectivement dans une capacité d'ingénierie complémentaire et diverse pour opérationnaliser et enrichir les voies de transition.

4. Notre territoire est dynamique, mais sa fragilité sociale est réelle. Les enjeux de justice sociale et concrètement d’accessibilité de tous à une alimentation de qualité ainsi que de rémunération correcte pour les agriculteurs sont indissociables des enjeux écologiques et doivent être mis au premier plan des politiques alimentaires locales.

Dans le contexte actuel où notre territoire est peut être encore plus qu’ailleurs fragilisé par la crise sanitaire, où l’alimentation est un sujet fondamental du quotidien et partagé par tous, où différentes intercommunalités s'engagent dans des réflexions sur leurs politiques alimentaires, nous pensons qu’une instance ouverte et plurielle, de type Conseil Local de l’Alimentation, composé d’acteurs concernés, devrait être créée, et animée, pour assurer un rôle de transversalité, de vigilance sur les enjeux ci-dessus, et d’échanges à l'échelle du territoire du Sud Ardèche. Une telle instance serait complémentaire aux instances susceptibles d'être créées à l'échelle intercommunale au travers des projets alimentaires territoriaux. 

Le collectif de l'Assiette et le Territoire, de part sa diversité et son ouverture, et sa pratique d'articulation au travers de groupes thématiques ciblés, pourrait en constituer les prémisses. Nous mettrons ceci en discussion lors d'un forum prévu à l'été 2021. Pour notre part, nous nous engageons à poursuivre notre action, chacun dans nos organisations, collectifs, et réseaux, dans le sens d'une transition agri-alimentaire juste et écologique et à poursuivre les échanges de ressources et d'expériences dans la continuité de ce qui a été amorcé dans l'Assiette et le Territoire.

Le collectif l'Assiette et le Territoire